Article original publié dans l'Indépendant le 16/08/2021
François Lapeyre Développement Industriel - autrement dit FLDI - est l'une des pépites du territoire audois. Dans le domaine agricole de La Chevalinière, sur la commune de La Force, près de Montréal, ils sont une soixantaine de salariés autour du PDG et fondateur, François Lapeyre, et le nom de leur entreprise est archiconnu dans le domaine de la machine agricole pointue. La "star" de leur catalogue ? La "machine à oignons", conçue pour récolter les précieuses graines du précieux légume, et dont on trouve des exemplaires aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en Israël et même depuis peu en… Tanzanie !
"Notre principe, c'est de nous adapter. Nous adapter aux territoires et aux demandes de nos clients", résume François Lapeyre, assez peu communicant d'habitude. La dernière création sortie de ses ateliers est aussi une histoire de relation privilégiée avec un client, en l'occurrence Nicolas Granget, installé sur une exploitation familiale à Bédarrides (84). "Nous avions fabriqué pour lui un robot de traitement des radis, raconte François Lapeyre. Lorsqu'il a décidé de planter des amandiers et de produire lui-même les amandes, il s'est tourné vers les fabricants de cassoirs, les Espagnols, les Américains. Il est venu me voir en me disant : je ne trouve que des machines à 1, voire 2 millions d'euros", raconte François Lapeyre.
La culture de Lapeyre, c'est de s'adapter à la demande
Les grands fabricants, en effet, ne s'intéressent qu'à la production d'amandes à titre industriel. Et François Lapeyre découvre alors que rien n'est prévu pour les simples producteurs ou les petits regroupements. Comme – ainsi que le souligne Jérôme Stremler, associé - "la culture de Lapeyre, c'est de s'adapter à la demande", le groupe audois va concevoir pour ce client un cassoir capable de décortiquer 200 kilos de fruits à coque à l'heure, et qui peut se démultiplier pour aller jusqu'à 600 kilos. En parallèle, l'entreprise va décliner de plus petits modèles, qui traitent à partir de 80 kilos/heure. Résultat : les machines conçues et fabriquées chez FLDI constituent aujourd'hui une gamme à part, baptisée Coquas, qui dispose de son propre site internet et constitue un pari industriel majeur pour le groupe : celui du développement des fruits à coques, les amandes naturellement, mais aussi les noisettes ou encore les pistaches, que ces cassoirs peuvent également traiter.
L'idée de base est double. Elle s'appuie d'abord sur un chiffre imparable : la France produit 2 000 tonnes d'amandes par an et en consomme 40 000. Or, dans tout le midi de la France, l'amandier est un arbre qui prospéra longtemps. Et il peut redevenir une culture majeure, rendue plus pérenne et pertinente encore en raison du changement climatique. Bref, une alternative sérieuse ou au moins une diversification envisageable et rentable pour les viticulteurs... "Surtout dans une hypothèse de valorisation maximum par les circuits courts", analyse François Lapeyre. Ses cassoirs sont, justement, adaptés aux petites productions : CQFD ...
Il y a quelques jours, une poignée de producteurs d'amandes ont visité les établissements Lapeyre et découvert les machines bleues et vertes de la gamme Coquas. Quelques producteurs ont déjà fait confiance à Lapeyre, comme Laurent Gianesini, l'homme qui a fait le pari de la pistache à Villarzel-du-Razès. D'autres suivront, assurément. "Notre principe, c'est d'accompagner ceux qui décident de planter des amandiers, et d'être là pour la première production, dans quatre ans", insiste François Lapeyre. Du développement durable, au sens propre.
Article original publié dans l'Indépendant le 16/08/2021
Par Laurent Rouquette